Ces organisations qui disent défendre les communautés autochtones, l’environnement, la santé publique et l’éducation affirment avoir été témoins d’une attaque contre les services publics les plus essentiels de l’Ontario depuis l’entrée en fonction de Doug Ford, en 2018.
Selon ces militants, le premier ministre a délibérément miné et sous-financé les systèmes publics de soins de santé et d’éducation de l’Ontario, créant ainsi des pénuries de personnel et un manque d’accès aux services essentiels .
Les manifestants ont aussi dénoncé la privatisation et le contrôle des entreprises dans [les] systèmes de santé et d’éducation , ce qui entraîne le détournement des fonds publics au profit des entreprises.
Contre un système de santé privé
Falile Bobier, manifestante et membre de la Coalition ontarienne de la santé, se mobilise pour s’opposer à la privatisation des hôpitaux publics. Elle confie qu’elle a été atteinte d’un cancer il y a quelques années et qu’elle n’aurait jamais pu payer ses examens médicaux si le système de santé avait été privé. Si on ne lutte pas maintenant, c’est ce qui nous attend , prévient-elle.
Mme Bobier dit s’opposer à un système où les riches et les pauvres n’auraient pas les mêmes droits en matière de santé.
« C’est inhumain! Les soins de santé devraient être un bien public pour tout le monde, pas seulement pour ceux qui peuvent payer. »
— Une citation de Falile Bobier, manifestante et membre de la Coalition ontarienne de la santé
Même son de cloche du côté de la directrice générale de la Coalition ontarienne de la santé, Natalie Mehra. Selon elle, le gouvernement Ford n’a aucun mandat pour saper notre système hospitalier public et pour le privatiser .
« C’est la destruction de nos soins de santé, pas une innovation. »
— Une citation de Natalie Mehra, directrice générale de la Coalition ontarienne de la santé
Contre un développement urbain débridé
Au chapitre de l’environnement, les manifestants ont fustigé l’adoption du projet de loi destiné à stimuler la construction de logements. Les militants estiment que le projet de loi 23 va réduire les pouvoirs des offices de protection de la nature et la capacité des citoyens à s’opposer aux lotissements prévus dans leurs propres communautés.
Ces mesures minent nos droits démocratiques et servent à enrichir les riches promoteurs au détriment de l’avenir de notre province , souligne la coalition dans un communiqué.
Des manifestants ont dénoncé un « développement urbain débridé dans la ceinture de verdure » et un manque de consultation avec les peuples autochtones. PHOTO : RADIO-CANADA / ROBERT KRBAVAC
Kim Bradshaw, cofondatrice de l’organisme Greenbelt Guardians, qui lutte pour la protection de la ceinture de verdure, estime que le gouvernement Ford favorise un développement urbain débridé qui menace les terres agricoles, les milieux humides et les espaces verts.
Sur cette question, les organisations déplorent également le manque de consultation avec les peuples autochtones alors que ces lotissements affectent directement leurs terres et leurs droits issus de traités .
De son côté, Fuyuki Kurasawa, professeur agrégé au département de sociologie de l’Université York, rappelle que le gouvernement Ford essaie de faire accepter [ce projet de développement urbain dans la ceinture de verdure] comme une des solutions principales pour résoudre la crise du logement en Ontario, notamment dans la grande région de Toronto .
Pour M. Kurasawa, ce qui a fait mal au gouvernement Ford et ce qui explique en partie cette mobilisation, c’est ce qui semble être un scandale lié à l’invitation de Doug Ford aux donateurs du parti pour le mariage de sa fille .
« Toute opposition envers un gouvernement au pouvoir dépend d’un petit incident qui n’est pas significatif en tant que tel mais qui symbolise la manière dont le gouvernement gère les choses. »
— Une citation de Fuyuki Kurasawa, professeur agrégé au département de sociologie de l’Université York
Ce professeur de sociologie doute que la grogne populaire fasse reculer le gouvernement, mais il estime que les manifestations d’opposition peuvent toutefois permettre de faire modifier son plan initial.
Fuyuki Kurasawa ajoute qu’une intervention d’Ottawa sur la scène politique provinciale pourrait représenter un handicap pour le gouvernement Ford.
Les Ontariens écoutent aussi le gouvernement fédéral. Lorsqu’il pose des questions, ça fait réfléchir la population. Donc cela pourrait peut-être inquiéter les stratèges du Parti conservateur en Ontario.
Avec les informations de Yanick Lepage
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